Un jour comme les autres où je révais, un ami me dit que je devrais fumer un cigare car c’est le meilleur compagnon de la contemplation. A ce moment, je n’étais pas certain de ce que cela devait signifier. Toujours est-il que pour moi, ce cigare était le truc putassier et nauséabond que son pére se collait dans la bouche en le sortant d’un boite assez banale mais qui semblait attirer toute son attention. Besoin de reconnaissance, mauvais goût, nouveau riche, je ne savais pas vraiment comment interpréter ce geste. Fallait reconnaitre que le geste était néanmoins élégant, d’allumer ce quasi bout de bois d’une allumette en quelques instants.
Des années plus tard, j’étais en république dominicaine à las terranas . Au détour d’une plage, je senti une odeur fabuleuse. Chaude, épicée, boisée. J’ai vu un homme allumant son cigare. Ca m’a intrigué. J’ai la nature curieuse, et comme l’on m’a dit, je suis frappé de nomadisme intellectuel
Bien sur, comme tout ce qui touche aux plaisirs, j’ai essayé de comprendre en achetant n’importe quoi. Heureusement, une bonne âme passa, m’expliqua que ce cigare qui me semblait bon ne l’était pas et me fit découvrir un nouveau monde grâce à ce qu’il nomma un « Fuente ». J’en suis revenu avec ma première boite. Le churchill d’Arturo Fuente fut le premier cigare de mon initiation. C’est ce cigare :
Par chance, mon « maitre » m’a montré comment le couper, et comment l’allumer. Il m’a montré le rythme, et surtout ce soir là, j’ai découvert comment pendant plus d’une heure il est possible d’éveiller ses sens à des arômes fins, et de contempler ces belles volutes. C’est vraiment une chance. Se faire guider et découvrir. J’ai découvert ce soir là des saveurs que je ne connaissais pas, difficilement descriptible d’ailleurs. Mais là où je croyais à une fumée acre, épaisse, j’ai trouvé une fumée ronde, gourmande, et des saveurs.
De retour chez moi, j’ai décidé d’acheter une cave. Forcémment, j’ai trouvé le moyen d’acheter une cave et des cigares. Je ne savais pas que j’étais sur le point de découvrir le Sir Winston, le lusitanias, l’épicure, ou encore plus récemment, le Edge.
Aujourd’hui, une dizaine d’années ont passé. J’ai découvert d’autres cigares, d’autres terroirs, d’autres saveurs, mais la passion reste la même.
Mon cigare aujourd’hui, c’est celui que je partage avec mes amis, amateurs ou curieux occasionnels, c’est celui que je regarde vieillir dans ma cave.
Le cigare est un luxe oui. Mais pas le luxe vulgaire qu’affiche le monde actuel. Le cigare, c »est le luxe et le privilége de s’accorder du temps, c’est le luxe d’avoir le temps.
Je n’ai pas la technicité ni les mots de beaucoup d’amateurs, tout comme j’aime le vin sans pour autant verser dans l’oenologie. Je voudrai partager ma passion avec tout le monde avec mes mots et mes impressions : mes cigares, leurs volutes et la contemplation.
F.
Ca discute…